L’incendie a détruit une partie des voûtes, la charpente, la couverture et la flèche de la cathédrale. Dès le 16 avril au matin, l’architecte en chef des monuments historiques (ACMH), M. Philippe Villeneuve, a rejoint la nacelle des pompiers pour effectuer un diagnostic visuel de l’édifice. Ce premier constat a permis à la Direction régionale des Affaires Culturelles (DRAC) d’Île-de-France, à l’ACMH et à la direction générale des patrimoines et de l'architecture de décider des mesures de sécurisation à prendre en urgence.

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Les pompiers après l'incendie dans la cathédrale Notre-Dame de Paris

© ALEXIS KOMENDA / C2RMF / MINISTÈRE DE LA CULTURE

Les voutes de la cathédrale Notre-Dame de Paris après l'incendie

© MINISTERE DE LA CULTURE

Croisée effondrée © DAVID BORDES / MINISTÈRE DE LA CULTURE

 

Un risque important pour la stabilité de l’édifice

Les voûtes hautes ont été profondément touchées par l’incendie. Plusieurs parties ont été détruites et des éléments adjacents continuaient de tomber, faisant peser une menace sur la stabilité du voûtement. Le degré de fragilisation des voûtes demeurées en place par l’incendie restait à évaluer.

Le pignon du bras nord du transept a été particulièrement ébranlé par la chute des éléments de charpente. Certains témoins ont affirmé qu’il avait basculé vers la rue avant de se rétablir. Des fissures horizontales et verticales attestent bien d’un mouvement de bascule. Les pierres constituant la rose du pignon sont complètement rubéfiées. 

Le pignon du croisillon sud du transept présente des désordres similaires, avec des risques d’effondrement de la voûte qu’il domine. Quant au pignon ouest, situé entre les deux tours, il a été fragilisé sur ses deux faces. La statue de l’ange qui le surplombait est fendue sur toute sa hauteur.

L’angle de la tour sud a été particulièrement touché par les flammes en raison de l’orientation des vents. Toute sculpture saillante est comme rabotée. Des morceaux de pierre provenant de la galerie des chimères ont causé quelques percements dans la toiture de la tribune.

Les flammes ont attaqué ponctuellement la toiture du beffroi de la tour nord. Celui-ci abrite les huit cloches, mises en place en 2013 lors du 850e anniversaire de la cathédrale. Des poutres sont calcinées en surface sans que la stabilité de la charpente soit menacée. 

L’échafaudage mis en place pour la restauration de la flèche ne prenant pas appui sur la charpente, il n’a pas été entraîné dans la chute de la flèche. En partie fondu, il constituait une importante menace pour la stabilité de l’édifice jusqu’à sa dépose achevée le 24 novembre 2020.

Compte tenu de ce constat alarmant, un arrêté préfectoral d’interdiction à l’accès et à l’occupation de la cathédrale a été pris le 18 avril 2019.

Des éléments majeurs préservés

Abritées par une toiture en dalles de pierre, et situées entre les deux tours, la tribune et le grand orgue ont été épargnés tant par le feu que par l’eau. Pour autant, comme le précise le constat d’expert réalisé le 23 avril 2019, les trous béants des voûtes, l’atmosphère humide succédant à la chaleur du feu, et surtout la poussière chargée de plomb qui a envahi l’instrument nuisent à sa bonne conservation. 

L’incendie a également épargné la totalité des vitraux, en particulier ceux des deux roses des croisillons nord et sud, du XIIIe siècle, proches des flammes, alors que la rose occidentale a été protégée par la toiture en dalles de pierre qui couvre la voûte au-dessus de l’orgue. 

Les premières mesures

Confortation d'une pile de la nef © DAVID BORDES / MINISTÈRE DE LA CULTURE

Grâce au concours des entreprises qui intervenaient sur les chantiers en cours avant l’incendie - notamment celui de la restauration de la flèche - et qui ont spontanément proposé leurs services, d’importants travaux de sécurisation ont été immédiatement effectués.

Dès le mercredi 17 avril, le pignon nord a été sécurisé grâce à la mise en place d’un étaiement (pièces de charpente en soutien) et d’un filet pour contenir les pierres très friables et à la dépose de la statue sommitale. Un échafaudage a été monté le long de la façade principale pour sécuriser le pignon ouest, et notamment enlever l'ange qui le domine ainsi que les chimères de la tour sud.

Les parties basses des deux piliers rubéfiés de la nef ont été cerclées avec des cables et des étaiements pour éviter leur éventuel éclatement.

Pour mettre l’édifice hors d’eau et le protéger des intempéries, le bâchage intégral des voûtes hautes s’est achevé le vendredi 19 avril 2019. 

En parallèle, le même jour, l’opération d’évacuation des grands tableaux était menée. Intransportables, le maître-autel et les statues du vœu de Louis XIII ont été protégés contre les éventuelles chutes de matériaux. Un suivi du climat interne de l’édifice, indispensable après un tel événement, a été également été mis en place. 

Orgues et patrimoine campanaire : premiers constats d’état

L'orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris © EDOUARD BIERRY / MINISTÈRE DE LA CULTURE


 

Les constats d’état du grand orgue (empoussiéré mais sans dommages majeurs) et de l’orgue de chœur (partiellement inondé en partie basse) ont été établis dès le 23 avril 2019 par M. Christian Lutz, technicien-conseil pour les orgues territorialement compétent, avec l’assistance de MM. Eric Brottier, maître d’œuvre, Bertrand Cattiaux et Pascal Quoirin, facteurs d’orgues en charge de la dernière restauration achevée en 2014 et Itaru Sekiguchi, facteur d’orgues en charge de son entretien. Les interventions sur le grand orgue ont commencé en août 2020 à la suite des travaux de sécurisation de la voûte et de la mise au point du protocole de dépose partielle, de transfert et de décontamination de l’orgue sur un site extérieur. 

La visite des beffrois des tours sud et nord le 29 avril 2019 a permis le constat des installations campanaires par M. Hervé Gouriou, expert pour le patrimoine campanaire (rapport en date du 3 mai 2019). Les deux bourdons Emmanuel (1686) et Marie (2013) du beffroi sud n’ont pas subi de dommages. Concernant les huit cloches du beffroi nord mises en place en 2013 lors du 850e anniversaire de la cathédrale, aucun dommage important ne semble les avoir affectées, mais une expertise approfondie des poutres du beffroi est nécessaire. L’évacuation et le tri des décombres de l’incendie à la croisée du transept n’a permis de retrouver que l’une des six cloches de la flèche (XIXe siècle), très endommagée.