"Stabiliser un édifice encore fragile" :

Une vidéo inédite du chantier de reconstruction de Notre Dame de Paris.
 

Priorité n°1 : mettre l’édifice « hors d’eau »

Une fois l’incendie éteint, mardi 16 avril au matin, Philippe Villeneuve a rejoint la nacelle des pompiers pour faire le tour de l’édifice sinistré. Son objectif : dresser un premier constat des dommages et décider des mesures d’urgence à prendre. « Ma première décision, raconte-t-il, a consisté à bâcher l’intégralité des voûtes de sorte à ce que la cathédrale soit protégée des intempéries, notamment de la pluie et du vent ». Préparée dans l’urgence, cette opération de mise hors d’eau temporaire était terminée avec succès dès le vendredi 19 avril. 

La mise « hors d’eau » définitive nécessitera, quant à elle, la pose d’un « parapluie » qui devrait « couvrir » l’édifice pour assurer l'étanchéité de la cathédrale Notre-Dame de Paris pendant toute la durée des travaux de restauration.

Priorité n°2 : sauver les voûtes

L’amplitude des températures auxquelles les pierres ont été soumises au plus fort de l’incendie fait également peser sur les voûtes un « risque d’effondrement ». « Il y a plusieurs inconnues, relève Philippe Villeneuve : on ne sait pas comment le feu et l’eau ont pu agir sur les mortiers et sur les pierres. Leur cohésion a-t-elle été altérée ? » « On sait que les voûtes, qui datent du XIIe ou du début du XIIIe siècles, ont abondamment pris l’eau, précise Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques en charge du sauvetage de la cathédrale. A partir de là, on se pose plusieurs questions : comment les joints des voûtains vont-ils réagir ? Vont-ils se rétracter ? Se « vider » ? C’est un risque majeur d’effondrement des voûtes ».

Le sauvetage des voûtes a rendu nécessaire la pose de vingt-huit cintres destinés à soutenir les arcs-boutants. Cette opération délicate et spectaculaire, dirigée par Philippe Villeneuve, a pour but de stabiliser et de sécuriser l’édifice tout entier. « Un arc-boutant, explique-t-il, doit contrebalancer la poussée exercée par les voûtes. Si les voûtes tombent, l’arc-boutant risque d’entraîner l’effondrement des murs. Cintrer les arcs-boutants permet d’annuler cette poussée ». Les cintres ont été posés entre juillet 2019 et janvier 2020.

Priorité n°3 : démonter l’échafaudage

Dernière mesure impérative : le démontage de l’échafaudage. Initialement destiné aux travaux de rénovation de la flèche, cet échafaudage, conçu par la société « Europe Echafaudage », avait été édifié sans reposer sur la charpente, les couvertures et la flèche, donc être « autoporteur ». Si cela n’avait pas été le cas, note Philippe Villeneuve, « les dégâts auraient pu être beaucoup plus considérables ».

Le démontage de l’échafaudage constitue, selon Didier Cuiset, directeur général de « Europe Echafaudage », « un très gros défi ». « Pour déposer cette carcasse, on a élaboré un dispositif très complexe », estime Philippe Villeneuve : « Après avoir construit une plateforme, nous allons utiliser les talents des cordistes de l’entreprise Jarnias qui le démonteront, pièce après pièce, en partant du haut de la structure ». La préparation du démontage s’est achevée en février 2020.