Le fer et le plomb à Notre-Dame
Le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris apporte un nouvel éclairage sur l’usage du fer et du plomb dans l’édifice. Il invite à s’interroger sur l’évolution des pratiques liées à ces métaux au cours des siècles.
D’une part, les travaux de restauration mettent au jour diverses armatures, chaînages et séries d’agrafes de fer jusqu’alors méconnus. Les étudier permettra de préciser leur rôle dans la structure de l’édifice, leur chronologie, mais aussi leur qualité et leur provenance. Ces connaissances éclaireront les choix des bâtisseurs et les circuits d’approvisionnements anciens. Elles permettront d’évaluer l’impact de l’incendie et les possibilités de remploi. A partir d’un inventaire méthodique, une sélection d’armatures fera l’objet d’analyses chimiques et métallographiques, d’essais mécaniques et de datations par le radiocarbone.
Couverture de plomb de la cathédrale Notre-Dame de Paris et sa crête de faîtage, cliché Arnaud Timbert
D’autre part, les recherches porteront sur les différents usages du plomb (couverture, décor, scellements…) et sur les pratiques des artisans selon les époques. L’identification des différentes sources de plomb et des pratiques de recyclage (par exemple, la couverture a été refaite aux XVIIIe et au XIXe s. en refondant les anciennes tables de plomb) sera conduite au moyen d’analyses élémentaires et isotopiques. La caractérisation de la signature isotopique du plomb de Notre-Dame permettra enfin de tracer son éventuelle contribution à la pollution de l’environnement.
Chaînage posé par Lassus en 1846- cliché Maxime L'Héritier
Le groupe "Métal" travaille sur différents axes de recherche :
- Les plombs de construction : étude archéologique et analyse de leur composition chimique
- Détermination de la signature chimique et isotopique du plomb de l'incendie de Notre-Dame
- Etude de la transformation du plomb et de son interaction avec les autres matériaux lors de l'incendie
- Etude des fers de construction (Moyen-Âge - XXe siècle) : datation et caractéristiques mécaniques
- Détermination des températures atteintes par les agrafes de fer lors de l'incendie
Pour mener à bien ces recherches, le Groupe de travail « Métal », placé sous la direction de Maxime L’Héritier (Université Paris 8), réunit une équipe résolument interdisciplinaire d’une quinzaine de chercheurs dont les spécialités vont de l’archéologie à la chimie analytique et environnementale. Ils appartiennent aux laboratoires suivants :
- Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE) CEA/CNRS/Université Versailles-Saint-Quentin
- Centre de recherche et de conservation (CRC) Muséum national d’histoire naturelle/CNRS/ministère de la Culture
- Laboratoire de recherche des Monuments Historiques (LRMH) ministère de laCulture
- Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (TRACES) Université de Toulouse II/CNRS/ministère de la Culture
- Laboratoire de Mesure du Carbone 14 (LMC14-LSCE) CEA/CNRS/Institut de recherche pour le développement/Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire/ministère de la Culture
- Laboratoire archéomatériaux et prévision de l’altération (LAPA) CEA/CNRS/Université de Paris-Saclay
- Chrono-Environnement Université de Franche-Comté/CNRS
- Institut de Chimie et des Matériaux Paris-Est (ICMPE) Université Paris-Est Créteil/CNRS
- Archéologies et Sciences de l’Antiquité (ArScAn) Paris I Panthéon-Sorbonne/Université Paris Nanterre/CNRS/ministère de la Culture
- Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement (EcoLab) Université Toulouse III/Institut national Polytechnique de Toulouse/CNRS
- Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols (METIS) CNRS/Sorbonne Université/Ecole Pratique des Hautes Etudes
- IRAMAT-Centre Ernest Babelon Université d’Orléans/CNRS
- Textes, Représentations, Archéologie, autorité et Mémoire de l’Antiquité à la Renaissance (TRAME) Université de Picardie Jules-Verne.