Dans le prolongement des mesures d’urgence prises au lendemain de l’incendie, un programme d’opérations de sécurisation et de consolidation de l’édifice a été élaboré par l’architecte en chef des monuments historiques (ACMH), Philippe Villeneuve.

Le rapport de ces opérations et une première évaluation sanitaire du monument ont été présentés à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA), le 4 juillet 2019, qui les a validés.

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Intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris avec filets © ALEXIS KOMENDA / C2RMF / MINISTÈRE DE LA CULTURE

Les travaux de sécurisation et de consolidation, démarrés le 16 avril 2019 et désormais estimés à 160 millions d’euros, devraient se poursuivre jusqu’en juin 2021. Ce chantier, interrompu à l’été 2019 en raison du risque lié au plomb puis au printemps 2020 en raison du confinement lié au Covid-19, est un préalable à la restauration de l’édifice.

Le chantier a débuté sous la maîtrise d’ouvrage de la DRAC d’Île-de-France. Il se poursuit, depuis le 1er décembre 2019, sous celle de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

La poursuite jusqu’à l’été 2019 des travaux de sécurisation

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Dépose des vitraux © DAVID BORDES / MINISTÈRE DE LA CULTURE

Suivant le protocole mis en place avec le Laboratoire de recherche sur les monuments historiques (LRMH), les vitraux des baies hautes du chœur et de la nef ont été expertisés et démontés,entre avril et mai 2019, par des restaurateurs, avec l’appui des spécialistes de l’histoire du vitrail du centre André Chastel (UMR 8150 Ministère de la Culture-CNRS) pour la documentation et le plan de dépose. Les vitraux des trois roses ont pour leur part été maintenus et protégés sur place.

Plusieurs ateliers de maîtres verriers qualifiés (Babet, Baudoin, Duchemin, Isingrini-Groult, Loire, Parot, Vitrail France et la manufacture Vincent-Petit), réquisitionnés en application de l’urgence impérieuse, sont intervenus depuis des échafaudages mis en place au-devant des baies hautes, munis de filets de protection. Les panneaux dont la pose est extérieure ont été extraits de leur serrurerie (clavettes, feuillards et vergettes), l’ensemble a été soigneusement numéroté, mis en caisse et transportés dans les ateliers avant d’être regroupés dans les réserves constituées par l’établissement public en charge de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris. Les baies ont enfin été étrésillonnées pour maintenir l’écartement des ouvertures et empêcher les déformations. Des bâches translucides, posées sur la face extérieure, assure l’étanchéité tout en apportant la lumière nécessaire au chantier.

La stabilité de toutes les gargouilles a été contrôlée à la nacelle. Des filets de protection ont été tendus dans la nef et dans le chœur pour amortir les chutes de pierres. 

Après la dépose des vitraux, des planchers ont été installés sur la première travée de la nef afin de permettre l’évacuation des gravois et ainsi alléger les reins de voûtes. L'évacuation et le tri des vestiges accumulés sur le sol de la cathédrale ont pu être immédiatement engagés grâce à l’intervention de robots commandés depuis les bas-côtés.

Enfin, pour garantir le suivi de ces travaux, des installations de chantier ont été réalisées, avec notamment la mise en place d’une clôture autour de la zone de chantier, l’aménagement d’une base-vie et de modules de décontamination contre le plomb, ainsi que le déploiement de barnums sur le parvis pour stocker les décombres évacués.

Le sauvetage des voûtes du chœur et de la nef côté Nord

Pour soutenir les arcs-boutants et préserver ainsi les voûtes endommagées, 28 cintres en bois ou en métal ont été posés. Cette opération particulièrement délicate et spectaculaire a été conduite sous la direction de l’architecte en chef des monuments historiques du 2 juillet 2019 au 28 février 2020. Ces cintres permettent en cas de mouvement de compenser la disparition du poids de la charpente et de la couverture nécessaire à l’équilibre de la structure.

Depuis janvier 2020, l’installation de planchers au niveau de l’extrados des voûtes a facilité l’évacuation par des cordistes des vestiges accumulés.Un diagnostic approfondi a été réalisé. L’évacuation des vestiges de la charpente et de la couverture s’est achevée en mars 2021 et les entreprises travaillent à la sécurisation des voûtes et de la croisée du transept en montant des échafaudages à l’intérieur de la cathédrale et en posant des cintres en bois sous les voûtes.

Un arc-boutant doit contrebalancer la poussée exercée par les voûtes. Si les voûtes tombent, l’arc-boutant risque d’entraîner l’effondrement des murs. Cintrer les arcs-boutants permet d’annuler cette poussée ».

Philippe Villeneuve 

La dépose de l’échafaudage

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Intervention de déblayage de la toiture de la cathédrale Notre-Dame de Paris © ALEXIS KOMENDA / C2RMF / MINISTÈRE DE LA CULTURE

L’échafaudage, mis en place pour l’opération de restauration de la flèche et endommagé par l'incendie, constituait une menace pour la structure de la cathédrale, notamment par sa prise au vent. Plusieurs capteurs avaient été installés afin de mesurer ses mouvements éventuels, de les analyser et de lancer des alertes le cas échéant.

Son démontage a été une opération très complexe. De minutieux travaux préparatoires ont été réalisés depuis le début de l’automne 2019 nécessitant d’importants moyens de levage, d’accès aux parties hautes et d’échafaudages. L’échafaudage calciné a été ceinturé pour pouvoir être découpé et purgé, travée par travée (40 000 pièces, 200 tonnes de métal). Un protocole pour limiter les émissions de plomb a été mis en place en lien avec la CRAMIF et l’Inspection du travail.

La mise en sommeil du chantier, du fait du confinement lié à la crise sanitaire du Covid-19, a conduit à reporter le démarrage effectif de la dépose. Cette opération spectaculaire a pris d'au mois d’août 2020 et s’est achevée le 24 novembre 2020.

Les étapes finales 

Depuis le démontage de l'échafaudage sinistré, des échafaudages sont installés dans l'édifice, en particulier dans le choeur et à la croisée du transept, permettant des consolidations provisoires et la mise en place de cintres de bois pour soutenir les voûtes. 

Les premières campagnes de nettoyage des dépôts de plomb dans la cathédrale ont démarré dans deux chapelles test, la chapelle Notre-Dame-de-la-Guadalupe, située au nord de la nef, chapelle sans décor peint, et la chapelle Saint-Ferdinand au décor peint, ouverte sur le déambulatoire.

Consulter le compte-rendu de ces tests au résultat très encourageant sur le site de la DRAC et le site de l'EPRND.

Parallèlement à ces opérations, une étude d’évaluation a été rendue en juin 2020, dressant le bilan sanitaire global de l’édifice et définissant les orientations du projet de restauration. Elle a été présentée devant la commission nationale du patrimoine et de l'architecture lors de la séance du 9 juillet 2020 qui a donné un avis favorable au parti de restauration proposé dans le sens du rétablissement de l'état Viollet-le-Duc, "notamment en ce qui concerne la couverture et la flèche, dans le respect des matériaux d’origine, par l’utilisation du chêne pour la charpente et du plomb pour la couverture". Le 25 mars 2021, lors de la présentation du diagnostic, la CNPA s’est à nouveau prononcée en faveur de la restauration des charpentes consistant en une reconstitution fidèle dans leur état Viollet-le-Duc pour le transept et la flèche, et dans leur état médiéval pour la nef et le chœur.

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