15 avril : une chaîne humaine

Dès l’annonce du départ de feu, les agents du ministère de la Culture et le personnel de la cathédrale ont convergé vers le monument pour assister les pompiers.

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Évacuation de la cathédrale Notre-Dame de Paris le soir de l'incendie © JUDITH KAGAN / MINISTÈRE DE LA CULTURE
 
Vers 20 heures, les pompiers guidés par les agents du ministère et du clergé procèdent à l’évacuation des reliques de la Passion et de Saint Louis. Celles-ci rejoignent dans la base vie (la construction temporaire dédiée à loger les intervenants du chantier) les biens déplacés depuis le chœur ou les chapelles de la cathédrale. Parmi ceux-ci, on trouve des tableaux de moyen format, la garniture du sacre de Napoléon et plusieurs ensembles de candélabres d’autel. 

Vers 22h45, les pompiers autorisent l’accès au trésor de la cathédrale, non touché par l’incendie, à trois agents du ministère de la Culture et au régisseur général de la cathédrale. En application du plan de sauvegarde des biens culturels, et à la demande du directeur général des patrimoines présent sur place, cinq biens majeurs sont extraits des vitrines, emballés par les pompiers et transférés dans la base vie du chantier. 

À partir de 23 heures et jusqu’à une heure du matin, une véritable chaîne humaine se constitue au chevet de la cathédrale, mêlant conservateurs, architectes, ingénieurs du ministère de la Culture, entreprises, représentants du clergé et de la ville de Paris, policiers et pompiers. L’objectif : transporter  par rotation de deux camions, dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel-de-Ville mise à disposition par la mairie de Paris, cinquante-six objets mobiliers évacués de la cathédrale pour des raisons de sécurité. 

Les reliques de la Passion ont été les premiers biens extraits de la cathédrale : un Morceau de bois de la Croix, le Clou de la Croix, la Sainte Couronne d’épines dans son anneau reliquaire en cristal de roche, contenant le cercle de jonc présenté depuis 2009 hors du trésor, dans un reliquaire-monstrance de verre rouge, dans la chapelle axiale.

Sont également sorties dans les premières heures les reliques du roi Saint-Louis classées au titre des monuments historiques en 1974.

Voici les objets majeurs du trésor , pour la plupart classés au titre des monuments historiques en 1962, extraits du trésor le 15 avril 2019 :

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Le reliquaire de la Croix dite Palatine, Famechon orfèvre, 1828

 

© Notre-Dame de Paris ; © Ministère de la Culture/Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, tous droits réservés

Le reliquaire de la Sainte Couronne d’épines en forme de globe surmonté d’une croix, Cahier orfèvre, 1806

 

© Notre-Dame de Paris ; © Ministère de la Culture/Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, tous droits réservés

Le reliquaire de la croix (64b), du clou et du bois (64a), d’après des dessins de Viollet-le-Duc, Poussielgue-Rusand orfèvre, 1862

 

© Notre-Dame de Paris ; © Ministère de la Culture/Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, tous droits réservés

Le reliquaire de la Sainte Couronne d’épines, d’après des dessins de Viollet-le-Duc, Poussielgue-Rusand, orfèvre et Geoffroy-Dechaume sculpteur, 1862

 

© Notre-Dame de Paris ; © Ministère de la Culture/Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, tous droits réservés

La couronne offerte en 1929 à la Vierge à l’enfant dite de Charles X, Boucheron orfèvre sur un dessin de Chardon

 

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

Sont aussi transportés hors de la cathédrale la grande Vierge à l’Enfant en argent de l’orfèvre Jean-Baptiste Odiot (commande de Louis XVIII honorée par Charles X, d’une hauteur de 156 cm), la garniture de chandeliers du sacre de Napoléon, des garnitures des chandeliers des autels des chapelles, fauteuils, etc.) et quatre tableaux de petits et moyens formats dont La Nativité de Le Nain et La Vierge de Pitié  de Lubin Baugin.

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La Vierge à l'Enfant dite de Charles X fondue par l’orfèvre Jean-Baptiste Odiot, argent, H = 156, 1826 Ferron 

 

© Ministère de la Culture/Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP

La Vierge de Pitié de Lubin Baugin (vers 1610-1663), dénommé également Le Christ mort sur les genoux de la Vierge, huile sur toile, 1645-1655, H. 219 cm ; l. 144 cm hors cadre

 

© Notre-Dame de Paris ; © Ministère de la Culture (France) Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, tous droits réservés

La Nativité de la Vierge des frères Louis Le Nain (1593 ?-1648, peintre) et Mathieu Le Nain (1607 ?-1677), huile sur toile, H. 220 cm ; l. 150

 

© Notre-Dame de Paris ; © Ministère de la Culture/Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, tous droits réservés

16 au 19 avril : la chaîne humaine se poursuit 

Le 16 avril après-midi, les cinquante-six biens sortis la veille de la cathédrale sont transférés, avec l’aide de la Ville de Paris, dans les réserves du musée du Louvre et précisément recensés à partir de l’inventaire de la cathédrale. Tout au long de la semaine, en deux chantiers parallèles, l’ensemble des biens précieux du trésor de la cathédrale et quatre tableaux sont identifiés, emballés et transportés à leur tour au musée du Louvre. Les objets sont laissés à la libre disposition du clergé pour leur usage cultuel. Tous les objets sont en bon état.

Sont restés dans le trésor tous les ornements liturgiques conservés à l’abri dans les chapiers. Ils sont depuis régulièrement examinés afin de prévenir tout risque d’infestations ou de moisissures. D’autres objets sont entreposés dans les salles et vitrines du trésor qui a été remis sous alarme.

19 avril : opération « tableaux »

Afin de les préserver hors du chantier de sécurisation de la cathédrale, le 19 avril 2019, dix-huit tableaux de moyens, grands ou très grands formats ont été extraits de la cathédrale et placés dans une réserve sécurisée.

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Évacuation des tableaux © Judith Kagan / Ministère de la Culture

Prévue pour durer toute la journée, l’opération se déroule de fait entre 6 heures et 15 heures du fait d’une organisation du chantier planifiée en moins de trois jours par les agents du ministère de la Culture et de la compétence des transporteurs spécialisés qui connaissaient bien les contraintes de la cathédrale. La brigade de sapeur-pompiers spécialisée dans la sauvegarde des œuvres contribue aux manipulations des grands formats.

En moins d’une heure, de 8h15 à 9h10, six tableaux sont extraits des chapelles, observés (y compris les cadres), photographiés, emballés et placés dans les camions.

Les premières déposes commencent à 8 heures. Chaque tableau est descendu par une équipe de transporteurs, sous le regard de conservateurs et de restaurateurs qui effectuent le premier constat d’état avant l’emballage. Des reportages photographiques complets sont établis. 

Le rythme très soutenu de dépose se maintient toute la matinée avec une courte pause alternée vers 10h et l’interruption du chantier côté nord au moment de la visite du ministre de la Culture qui assiste vers 11 heures à une dépose à partir d’une tour-échafaudage. Les opérations sont terminées à 19 heures après déballage des tableaux dans leur réserve.

Consultez la carte interactive des œuvres d’art positionnées dans la cathédrale

Le grand Jouvenet du chœur n’a subi aucun dommage et a été laissé à sa place. Un dernier tableau est resté en place dans la tour sud car il n’était pas menacé. Depuis l’incendie, il est procédé à un examen visuel régulier des tableaux. D’autres tableaux sont également présents dans la sacristie et n’ont subi aucun dégât. Longtemps restés Inaccessibles, les deux grands tableaux encore en place dans le transept nord (La Hyre – Reni) ont été déposés et transportés en réserve le 14 août 2020, dès que l'accès aux bras du transept a été considéré comme sécurisé.

Depuis leur transport hors de la cathédrale, les tableaux ont tous été dépoussiérés et des restaurateurs ont réalisé à compter de mai 2019 des constats d’état approfondis. La programmation raisonnée des interventions de conservation-restauration est établie par la DRAC (conservation régionale des monuments historiques) en lien avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et les déposants pour certains tableaux (Musée du Louvre et Ville de Paris).

25 avril : Notre-Dame de Paris déplacée

Notre-Dame de Paris, statue monumentale de la Vierge à l’Enfant du XIVe siècle qui orne un pilier de la croisée du transept n’a pas été touchée par l’incendie ni par les gravats. Le risque de chutes d’éléments de charpente a conduit à son déplacement, dont les modalités ont été mises en point entre l’architecte en chef des monuments historiques et la société de transport Bovis afin de ne prendre aucun risque pour les personnes. Elle a été déplacée le 25 avril 2019 dans le chœur de la cathédrale, avant de rejoindre l’église Saint-Germain-l’Auxerrois où les activités paroissiales de la cathédrale ont été transférées.

Le même jour, trois tapis monumentaux ont été transportés dans les réserves du Mobilier National. Deux d’entre avaient déjà été restaurés récemment et sont en bon état. Le grand tapis de choeur dit de Charles X était très légèrement humide car protégé pendant l’incendie dans son coffre au bas de la clôture de choeur. Il a été traité contre les mites et attend une restauration.

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Grand tapis du chœur de la Manufacture de la Savonnerie classé au titre des MH par arrêté du 19 septembre 1974, NDP n° 807

 

© Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - diffusion RMN

Croisée et transept nord vu du transept sud avec statue de la Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame de Paris

 

© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP

Ces opérations d’envergure ont été menées en appui à la direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France (conservation régionale des monuments historiques) et sous son contrôle en tant que responsable de la conservation de ces biens. 

Coordonnées par la direction générale des patrimoines (service du Patrimoine et service des Musées de France), les opérations ont mobilisé des conservateurs, ingénieurs, régisseurs, installateurs, documentalistes, photographes, spécialistes de conservation préventive, restaurateurs et transporteurs… émanant des institutions ou entreprises suivantes : 

  • Musée du Louvre
  • Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF)
  • Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAP)
  • Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles de la Ville de Paris
  • Quinze restaurateurs privés et trois entreprises de transport d’œuvres d’art (Chenue, Bovis et Artil), prestataires requis dans un contexte d’urgence. 

Les transports se sont déroulés sous la protection des forces de l’ordre mises à disposition par la Préfecture de police à la demande de la cellule de crise du ministère de la Culture. 

Plus de 100 personnes ont ainsi été mobilisées pour ces mises à l’abri. 

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